Lydie Roche nous a quittés
Ce mercredi 18 août 2021 se déroulaient les funérailles de Lydie Roche, compagne de Fabrice Duwez et qui nous a malheureusement quittés brutalement le samedi 14 août.
Lors de la cérémonie religieuse, à la demande de Fabrice Duwez et des frères de Lydie - Reynald, Dominique et Éric - deux textes ont été lus pour lui rendre hommage. Le premier par David Hecq et le second par son amie de toujours, Martine Lézier.
Voici les transcriptions.
Premier texte
Lydie c’était avant tout un sourire.
Quand vous la croisiez, c’était la première chose qu’elle vous offrait, sans rien attendre en retour. Tout simplement parce que c’était naturel chez elle. Il y a des personnes sur cette terre qui quand elles naissent, sont destinées à être de belles personnes, Lydie en faisait partie.
Il aurait d’ailleurs fallu agrandir les murs de cette église pour accueillir toutes les personnes qui l’appréciaient et qui souhaitaient lui rendre hommage.
Seule fille dans une fratrie de quatre enfants, Lydie avait un grand frère, Reynald et deux petits-frères, Dominique et Eric. L’avantage d’être la seule fille, c’était d’être la chouchoute. Elle était forcément surprotégée par ses frères mais elle devait aussi s’imposer dans leurs jeux de garçons turbulents. Mais surtout c’est à elle que revenait la charge, ou plutôt le plaisir, de faire le lien entre ces enfants aux caractères tous différents, de jouer les avocates auprès des parents et d’arbitrer les chamailleries. Elle aurait pu être diplomate tant elle arrondissait les angles pour apaiser la situation.
Sans vous en rendre compte sur l’instant, vous, sa famille avez forgé son caractère.
Elle adorait ses frères et en parlait toujours avec fierté, s’inquiétant pour eux quand ils n’étaient pas en forme, se réjouissant quand ils allaient bien. Reynald perd sa petite sœur, Dominique et Eric perdent leur grande sœur. C’est une part de vous-même qui s’en est allée et nous nous sentons bien impuissants face à votre détresse. Les mots, les gestes amicaux semblent inutiles pour vous réconforter. C’était votre boussole, votre organisatrice en chef d’événements familiaux et il vous faudra demeurer soudés pour perpétuer sa mémoire.
Vous lui devez bien ça, enfants vous lui aviez malencontreusement cassé sa dinette.
Cette faculté innée de créer du lien s’est transposée dans son métier, qu’elle vivait avec passion aux côtés de sa meilleure amie, Martine. 42 ans de complicité.
Ce métier, au plutôt cet engagement total au sein d’un service de tutelle lui a aussi permis de rencontrer l’amour de sa vie, Fabrice. Un ours un peu bougon mais adorable qu’elle a su apprivoiser et qu’elle aimait de tout son cœur.
En premier lieu nos pensées vont vers toi Fabrice car nous savons tous ici combien elle comptait à tes yeux et combien tu l’aimais. Nous sommes tous ici incapables de mesurer le vide de son départ précipité. Comme pour ses frères et pour les membres de sa famille, nos mots n’ont pas la force de te réconforter et nous en sommes tous désolés. Sachez que nous sommes là.
Fabrice, nous avons aussi une pensée pour tes enfants : Camille, Pierre et Antoine. Vous êtes devenus ses enfants et quand elle parlait de vous, son visage s’illuminait immédiatement.
Si Fabrice est peu démonstratif par nature, Lydie parlait pour lui et nous racontait vos parcours, vos soucis et vos bonheurs. Elle vous aimait de tout son cœur mais est-ce utile de le dire ? Vous le savez au fond de vous-même.
Quand vous êtes devenus parents à votre tour, elle ressentait une extrême fierté. Elle nous montrait sur son téléphone les photos de Louis, de Sacha et de Maelle. Elle se plaisait à leur tricoter des vêtements et là encore, elle ne manquait pas de nous montrer le résultat en photo : « regarde comme ils sont rigolos, regarde comme ils sont dégourdis, regarde comme ils sont beaux ! ».
Tout comme Fabrice, son petit bonheur intime, était de les voir grandir.
Au sein du service tutélaire dans lequel vous travailliez, vous avez accompagné un nombre incalculable de personnes désœuvrées. Pour vous la solidarité n’était pas un mot en l’air mais une réalité. Vous viviez la solidarité au quotidien. Dans un monde parfois sombre, vous apportiez une lumière bienveillante à des personnes qui en avait grandement besoin.
Dernièrement, et bien qu’elle soit en retraite de son métier, Lydie me disait que la situation sanitaire actuelle modifiait profondément les relations humaines, la base même de votre profession. Une distance se créait entre les individus et s’ajoutait à la souffrance des personnes que vous suiviez. Cela la contrariait.
Lydie était comme ça. Soucieuse des autres, vigilante et attentive. Mieux que quiconque, elle savait détecter dans le regard, dans l’expression d’un visage, la petite chose qui vous minait l’esprit. Avec des mots simples, avec sa bienveillance, avec sa chaleur naturelle et son sourire amical, elle aidait les personnes à se sentir mieux et à se sortir de situation qui nous sembleraient à tous inextricables.
Quand Fabrice m’a rejoint dans l’aventure municipale en 2008. Ce n’est finalement pas un conseiller municipal que j’ai recruté dans l’équipe mais deux ! A l’instar de son grand frère, Reynald, maire de Guemappe, Lydie aimait la vie publique et l’engagement au service des autres. Elle faisait de la politique au sens noble du terme, au sens étymologique, celui qui signifie : s’occuper de la cité et des citoyens.
Comme pour notre regretté Gérard Lorenc, pour Lydie, un élu devait être sur le terrain, proche des gens et de leurs préoccupations. Quand Fabrice arrivait dans une manifestation communale, Lydie était à ses côtés. Et qu’importe si elle n’était pas officiellement élue, le statut lui importait peu, ce qui comptait c’était les actes.
Je ne vous le cache pas, le duo Fabrice et Lydie était redoutablement efficace au sein de l’équipe municipale. Pour toutes les questions sociales de la commune, notre équipe savait compter sur eux : repas de l’amitié, colis des aînés, centre communal d’action sociale, aide aux personnes en difficulté, aide à trouver un logement.
Quant à leur implication dans la vie associative, c’est bien simple ils étaient présents à toutes les manifestations. Souvent accompagnés par leurs voisins et amis de toujours, la famille Pitou. Et même quand ils étaient en vacances et qu’ils en manquaient une, ils me téléphonaient pour savoir si cela c’était bien passé.
Fabrice + Lydie c’était l’équation parfaite.
Je me reposais complètement sur eux et ils avaient toute ma confiance. Combien de fois Lydie me tirait l’oreille : « tu devrais rendre visite à untel, ça lui ferait plaisir de te voir ».
Bien sûr je m’exécutais ! Non pas parce qu’elle m’intimidait mais tout simplement parce que je n’avais pas envie de la décevoir et parce qu’elle avait raison, il faut rester attentifs. Même quand nous n’avons plus été élus, elle a été la première à s’investir dans la réserve sanitaire pour apporter un soutien aux personnes âgées lors du premier confinement. Elle leur mijotait des bons petits plats, faisait leurs courses, confectionnait des masques, écoutait patiemment leurs petits tracas.
Et tout ça bénévolement, sans rien attendre en retour.
Un simple sourire rendu suffisait à son bonheur. Elle aimait les gens, tout simplement. Encore la semaine dernière, Lydie et Fabrice continuaient de rendre visite aux anciens de la commune, pour leur apporter un peu de réconfort et prendre de leurs nouvelles. Quand j’ai appelé ces personnes pour leur annoncer le départ brutal de Lydie, pour beaucoup d’entre eux, c’était comme si je leur annonçais la perte d’un proche.
Lydie tu vas terriblement nous manquer. Les personnes de ton envergure sont rares sur cette planète. Là où tu es, pense à nous envoyer un peu de ta bonté et de ta générosité, notre monde en a grandement besoin.
Je terminerai par une citation dont l’auteur demeure inconnu. Mais cela pourrait très bien être un message de Lydie adressé à Fabrice.
T’ai-je vraiment promis de ne pas mourir ?
A supposer que je me sois laissé arracher cette promesse,
penses-tu sincèrement que c’était pour te faire pleurer ?
Si je meurs, pour moi ça ne sera pas l’enfer, juste un ailleurs.
Pourquoi ma mort serait-elle donc un enfer pour toi ?
J’ai tant aimé la vie, je t’ai tant aimé. Et je transformerais, moi, ta vie à toi en enfer ?
Je ne veux pas de ça.
Je ne serai plus mais les choses et les gens que j’ai aimés avec toi resteront à tes côtés.
L’amour que je t’ai donné, il est en toi. C’est une source de vie et ce feu ne s’éteindra pas quand je te quitterai.
Par contre je compte sur toi pour le nourrir et le rendre à celles et ceux que nous aimons.
Après un temps de désarroi, tu apercevras que ce monde de larmes qui te semble invivable aujourd’hui est aussi un monde de joie, de beauté et d’amour.
Laisse alors la vie t’envahir.
Je ne te quitte pas ; je me suis confondu à cette partie de toi qui toujours s’émerveille.
Second texte
Lydie, une femme de cœur, une femme de « bien », une femme de « lien »
Comme disait JJ Goldman, « tu es de ma famille, de mon ordre et de mon rang, celle que j’ai choisie, celle que je ressens »
Pour avoir eu le privilège, oui, le privilège de partager 42 ans de ma vie avec toi, présente réellement, authentiquement, pour toutes mes grandes joies mais aussi mes grandes peines, je veux dire à toi, ta famille et tes nombreux amis pour lesquels tu as toujours su te rendre disponible, combien ma peine est immense et lourde aujourd’hui.
Ce ne sont hélas pas des mots de convention, ni de politesse, crois le bien, mais tu le sais, de là où tu es désormais.
Notre parcours commun d’éducatrice commencé en 1979, s’est poursuivi durant 42 ans, avec une sensibilité sociale identique, socle de notre longue et fidèle amitié. Pour ton anniversaire en février, je t’avais offert un livre (à toi, la fervente lectrice !), dont le titre était « Rien ne t’efface » de M Bussi.
Jamais je n’aurais pensé que ce titre pouvait être prémonitoire.
Alors, merci infiniment pour tout Lydie, toi qui ne me laissais jamais deux jours sans nouvelles…
Tu resteras irremplaçable à jamais…
Je souhaite à Fabrice, à ta famille et à tes nombreux amis, proches et lointains, de pouvoir continuer leur route sans toi ici-bas avec courage, et avec autant de détermination que celle dont tu as fait preuve toute ta vie durant. Je t’embrasse, Lydie, du fond du cœur.
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La famille remercie l'équipe paroissiale pour leur implication dans la cérémonie et toute les personnes qui ont témoigné leur sympathie à la famille.