Indemnités de la nouvelle maire : 24% de plus que son prédécesseur !
Mme El Hamine écrivait en page 7 de son document de campagne : « Des frais importants non nécessaires : six adjoints pour une commune de 2700 habitants. C’est un coût non négligeable pour Anzin-Saint-Aubin. Il faut réduire le nombre d’adjoints »
Si le nombre d’adjoints a effectivement été diminué, le coût est resté sensiblement le même puisque Mme El Hamine s’est octroyée lors du conseil municipal du 16 juin dernier une confortable hausse des indemnités de maire (+24% par rapport à l'indemnité que percevait David Hecq soit + 373,38 € par mois).
Monsieur Jean-Pierre Julien, grand argentier de la commune qui a supervisé l'opération, n’est pas en reste puisque lui et les trois autres adjoints s’accordent également une hausse de leurs indemnités de 25,30% (+ 147,79 € par mois).
Pas tout à fait conforme à leurs engagements de campagne...
Le coût global n’a pas été diminué mais le montant de l’indemnité personnelle de la maire et celles de ses adjoints a été plus que conforté…
A l’heure où bon nombre de nos concitoyens souffrent de la crise que traverse notre pays, se retrouvant au chômage ou en difficulté dans leur activité, qu’elle soit libérale, commerciale ou artisanale, cette décision déçoit et laisse un goût amer.
Pourtant pendant la campagne, madame El Hamine allait chercher son inspiration dans d'autres communes, au quatre coins de France... Elle déclarait même en page 9 de son programme "on gagne tous à partager"
Elle aurait justement pu s'inspirer d'une initiative locale, et notamment d'Allouagne, commune du Béthunois, où le maire et les adjoints ont baissé leurs indemnités pour que les membres du groupe majoritaire perçoivent également une indemnité pour leur engagement...
Formée à l'hypnose, Mme El Hamine pensait sans doute endormir son auditoire avec la rédaction d’un ordre du jour la présentant sous un angle avantageux : "Suite à la demande expresse de Mme le Maire de bénéficier d'une indemnité inférieure au taux maximal, il est proposé aux membres du conseil le montant des indemnités du Maire, des Adjoints et des Conseillers Délégués, comme suit : Maire : 49,6% de l’indice brut terminal au lieu de 51,6 % - Adjoints : 18,8% de l’indice brut terminal au lieu de 19,6 % - Conseillers Délégués : 2% de l’indice brut terminal"
Comment ça marche cette histoire d'indemnités ?
Dans sa stratégie, cette histoire d’indice devait sans doute apparaître aux yeux de nos concitoyens comme la concrétisation d'une promesse de campagne.
Malheureusement il n'est est rien et nous sommes les premiers désolés qu'une de leurs premières décisions officielles soit une telle concentration indemnitaire au seul bénéfice de cinq privilégiés...
Une petite explication technique s'impose car les élus ne sont pas payés avec des indices mais avec des euros sur leur compte bancaire :
Une enveloppe globale d’indemnités est accordée au maire et aux adjoints.
Ainsi le maire d’Anzin-Saint-Aubin peut prétendre au maximum à 51,60 % de l’indice terminal de la fonction publique. Cet indice est de 880 et la valeur du point est de 4,6860 € Bruts. Cela nous fait donc 880 x 4,6860 € = 3 889,38 € bruts.
Si l’on applique le taux de 51,60 %, le maire d’Anzin-Saint-Aubin peut donc être indemnisé au maximum à hauteur de 2 006,92 € et les adjoints à 770,10 € (19,60 %).
Seulement pour pouvoir indemniser des conseillers délégués ou même de simples conseillers municipaux, des points d’indice doivent être retirés au maire et aux adjoints.
Mme El Hamine et Monsieur Julien ne font donc pas « cadeau » d’une partie de leurs indemnités.
Cette baisse de deux points pour madame El Hamine (49,60 %) et d’un point pour monsieur Julien (18,6%) n’est donc pas intentionnelle mais obligatoire pour pouvoir accorder 2 points aux trois conseillers délégués nommés par l’équipe de Mme El Hamine.
C’est donc avec une rare hypocrisie qu’elle présente cette délibération comme une volonté de sa part de baisser ses indemnités...
"Faites ce que je dis, pas ce que je fais !"
A la vérité, elle s’est basée sur le maximum auquel elle pouvait prétendre et n’a déduit que les 2 points nécessaires, rien de plus !
A titre de comparaison, monsieur David Hecq et ses adjoints avaient fortement baissé leurs indemnités afin de ne pas impacter les finances communales avec six adjoints.
Un nombre d’adjoints estimé nécessaire pour que notre démocratie et la représentativité de la population puissent s’exprimer au cœur de l’exécutif communal.
Dans les faits cet exécutif gère la commune au quotidien, il est donc important que plusieurs avis puissent s’exprimer pour que notre commune évolue au mieux.
Les faits, rien que les faits !
David Hecq percevait 1555,76 € Bruts (40% du fameux indice) et les adjoints 583,41€ Bruts.
Dans la nouvelle configuration, nous avons donc Mme El Hamine : 1929,14 € Bruts (49,6 % de l'indice) et les adjoints : 731,20 € Bruts.
Entendons-nous bien : rien n’est illégal. Si Mme El Hamine veut une indemnité augmentée de 24% par rapport à celle de David Hecq, elle en a parfaitement le droit, tout comme les adjoints qui s’accordent 25,30 % d’indemnités supplémentaires par rapport aux adjoints de David Hecq. Déontologiquement c'est critiquable mais pas interdit.
Autre promesse non tenue : le soutien à la vie associative
L’intervention du groupe « Anzin-Saint-Aubin, une Volonté Commune » en conseil municipal est motivée par l'image que renvoie une telle augmentation auprès de la population alors que parallèlement cette même équipe fait des coupes sombres dans les subventions accordées aux associations.
55 000 € accordés à la vie associative au lieu de 68 300 € par la précédente équipe. De nombreuses associations anzinoises qui emploient des salariés sont fragilisées par la crise sanitaire.
Un exemple parlant : la Cécilienne, notre école de musique communale, se retrouve avec un déficit de 1000 €. Actuellement des parents réclament le remboursement des cotisations, faute de cours.
De plus la Cécilienne ne peut pas compter sur les manifestations qu'elle organise pour récupérer des recettes (vente de programmes, buvette, etc.) puisque les rassemblements sont toujours interdits... Une double peine que n'entend pas la nouvelle équipe qui décide arbitrairement de retirer 1000 € à la demande de subvention de cette association, pourtant primordiale pour l'enseignement musical dans notre commune !
Nous traversons une crise grave dans notre pays. Des milliards d’euros ont été injectés dans notre système économique pour tenter de le sauver. Il y a de nombreux drames sociaux : fermeture d’entreprises, commerces et artisans en difficultés, salariés qui se retrouvent en chômage partiel ou total.
Plus que jamais la solidarité et l'entraide devraient être les maîtres-mots qui nous habitent.
Et là où la décence du moment et l'humilité exigeraient a minima un alignement sur les indemnités de la précédente équipe, Mme El Hamine et ses adjoints (Mmes Barlet, Mercier et messieurs Duez et Julien) s’octroient généreusement plus de 24% d’augmentation ! C'est tout simplement choquant.
Une gouvernance qui ne souhaite pas d'avis contradictoires
Cela met aussi en exergue l’hypocrisie de son programme électoral où elle annonçait faire des « économies » en supprimant deux postes d’adjoints. son stratagème était surtout de récupérer une bonne partie du montant de ces deux postes d'adjoints pour se l'attribuer. Qui plus est en concentrant l’exécutif communal à une garde rapprochée restreinte, elle s’assure d’une gouvernance qui ne souffrira guère d’avis contradictoires en son sein.
Preuve en est : Mesdames Anne Lise LENGRAND, Martine PAREZ, Elodie ROBERT, Anne-Sophie LECERF, Solange BEAREZ, Audrey DELCOURT et messieurs Antoine BECQUART, Laurent DHAUSSY, Bernard DUMAINE, Nicolas DILIGENT, Eric GUILBERT, Grégoire LAIR, Fabien LEBLANC, tous le doigt sur la couture, ont voté la hausse de 24% de leurs leaders, aux frais des contribuables anzinois.
Si l'on peut mettre cette naïveté sur le compte de l'inexpérience, il en est tout autre pour Mme El Hamine qui a déjà 13 ans de mandature derrière elle (2001-2008 et 2014-2020) et qui connaît ses mécanismes indemnitaires.
En ces temps difficiles, il aurait peut-être été plus judicieux de discuter de la prime Covid-19 à laquelle peuvent prétendre les personnels communaux qui ont accueilli lors du confinement les enfants des personnels soignants ou encore celles et ceux qui ont assuré une continuité de service. D'autres communes du territoire ont déjà débattu de ces sujets (Dainville par exemple) mais visiblement dans notre commune, il était urgent de penser à ses propres indemnités. "Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir" dit-on…
Dans son programme électoral, Mme El Hamine déclamait la main sur le cœur : « On gagne tous à partager ! »
On constate que dans sa notion de partage, c’est surtout elle et ses adjoints les grands gagnants, pas forcément la population qui paiera par la force des choses ces coquettes augmentations.